6e : Musique et arts du spectacle vivant (L'enfant et les sortilèges, l'arithmétique, Ravel)

Dans cette séquence nous aborderons les Arts du spectacle vivant.
La question d'étude :  Comment renouveler le langage musical dans les arts de la scène (opéra, comédie musicale, chanson, théâtre musical ?
En effet il s’agit de découvrir comment écrire une musique pour la voix qui n’utilise pas forcément un texte littéraire.
A présent nous tenterons de consolider les acquis et d’explorer plus avant les domaines de la dynamique, du successif et du simultané.

Projet musical : Rag Mop, une chanson de Johnny Lee Wills et Deacon Anderson par les Ames Brothers.
Elle comporte deux couplets, un refrain, avec au milieu une série de solos par divers instruments suivie d’un pont.
Datée de 1950, elle est à la fois écrite dans la forme Blues (carrures de 12 mesures) et Rock par l’emploi d’onomatopées qui consistent à épeler et répéter les lettres du titre, ou bien l’emploi du scat dans le refrain.
Nous ajouterons à notre interprétation du body tap (percussions corporelles) et nous attacherons à en respecter le mode swing.

Voici la version des Ames Brothers :

et la version karaoke :

La fiche :

Je vous conseille vivement l’interprétation du groupe The Treniers, avec une chorégraphie réjouissante à regarder,ou bien celle du Muppet Show (de bons souvenirs de mon adolescence Londonienne, pendant qu'on regardait çà le riz brûlait régulièrement et on finissait aux beans sauce tomate sur des toasts, sacrée Mrs Warmsley lol)

L’œuvre principale choisie est l’Air de l’arithmétique, extrait de la fantaisie lyrique « l’Enfant et les sortilèges » (1924) de Maurice Ravel, compositeur français du XXème siècle (1875-1937).

La musique a été composée sur un livret de Colette, auteure française (1873-1954).
L’histoire raconte les péripéties vécues par un petit garçon, puni pour sa mauvaise conduite et enfermé dans sa chambre. Lors de ses rêveries, il va voir peu à peu les objets de sa chambre s’animer et exprimer leurs récriminations face à ses mauvais traitements, dont son livre de mathématiques.
Nous analyserons ce petit tableau dans lequel s’expriment le vieux professeur de mathématiques (soliste), et les chiffres eux-mêmes (sous forme de chœur), en nous intéressant aux contrastes de nuances et aux dispositions des éléments musicaux dans l’espace (solo, duo, trio, chœur) ainsi qu'à la construction de la pièce, essentiellement par le procédé de la répétition et du dialogue.
Cette fois j’ai tenté d’intégrer à ma fiche l’auto-évaluation, ce qui n’a pas été une mince affaire. Les élèves auront le texte et devront annoter celui-ci en relevant les nuances et les modes de jeux de la voix (chuchotée ou criée, parlée ou chantée, etc). Dans cette version video, nous voyons la scène sous forme de ballet, les personnages ne chantent pas, ils miment et dansent la scène.

Pour voir la version chantée, il faut visionner celle-ci :

Le contexte de création : Colette composa le livret de l’Enfant et les sortilèges à la demande de Jacques Rouché (1862 – 1957), directeur de l’Opéra de Paris. A l’origine c’était un ballet intitulé Ballet pour ma fille, inspiré par la jeune fille de Colette. Rouché proposa à Colette de collaborer avec Ravel, mais en 1916, celui-ci participait à l’effort de guerre, et ne reçut le livret qu’en 1918. Entre-temps, Colette rajouta des éléments dans le texte, le ballet devenant un Opéra-ballet. Ravel fut assez long à composer la partition et ce n’est que durant l’été 1924 qu’elle fut achevée. La création eut lieu à l’Opéra de Monte-Carlo, le 21 mars 1925.
L'univers de Colette correspondait bien à celui de Ravel, qui habitait alors un petit village tranquille (Montfort l’Amaury) en bordure de la forêt de Rambouillet. Dans L’Enfant et les sortilèges les objets sont dotés d’une âme sensible, les personnages des livres prennent vie, les plantes et les animaux parlent. Ravel aimait le merveilleux et le fantastique, que l’on retrouve dans d’autres de ses œuvres (Ma Mère l'Oyepar exemple), et les automates.

Les documents :
Ravel_Fiche_prof ; Ravel_Fiche_eleve ; l_arithm_tique_texte

Ecoutes comparatives : Nous écouterons La Cérémonie des Turcs extraite du Bourgeois gentilhomme (1669) de Jean-Baptiste Lully, compositeur du Roi Louis XIV ((1632-1687), d’après la pièce de Molière , auteur et comédien français (1622-1673).
Nous comparerons cette musique avec celle de Ravel sous forme d'un tableau dans lequel nous recenserons les ressemblances et différences entre les deux œuvres. Le Bourgeois gentilhomme est une Comédie-Ballet comportant des passages dansés.
Nous y retrouverons l’alternance soliste-chœur, une texte original, cette fois basé sur un sabir (langage inventé qui ressemble à des langues latines), et de nombreuses variations d’intonation.
Nous comparerons les orchestres respectifs, à la sonorité très différente (orchestre baroque), et l’alternance entre des parties mesurées et non mesurées dans le 2ème extrait, quand dans le 1er il s’agit plutôt d’un accelerando gigantesque.
Enfin l’extrait de Lully est faussement inquiétant et franchement comique, alors que chez Ravel il s’agit plutôt d’une atmosphère fantastique. L’extrait débute à 2m20 sur cette video.

Les documents : Fiche_prof_I_comparaisons ; Fiche_eleve_I__comparaisons

Nous nous intéresserons ensuite à l’art du spectacle vivant d’un pays extra-européen, à savoir l’Inde, à travers un extrait de Jatiswaram, musique de danse à caractère sacré de l’Inde du Sud appellée Bharata Natyam dont le texte est constitué de notes de musique (swaram pluriel swarangal) et de rythmes énoncés à l'aide de syllabes au lieu de paroles.
Les 'swaram' sont les notes de musique (sa re ga ma pa da ni dans la musique carnatique et hindoustanie). L’ordre dans lequel elles sont énoncées dépend du mode (râga) choisi. Ici, le râga malika.
Le 'Jati' est une phrase composée de syllabes sans signification, sur laquelle on peut composer une séquence de danse pure. Par exemple : ta hatajom tari ta, takundari kitataka. Elle peut être plus ou moins longue selon l'inspiration du compositeur. Le Jati est ici à 7 temps (misrachapu).

Un exemple de plusieurs versions de Jati sur divers modes. Structure : Dans notre extrait une formule chantée est répétée plusieurs fois :
da -ni sa ni sa ni sa pa ga ni – da pa ma ga ma pa da ni sa (plusieurs notes précèdent des appuis sur des notes tenues).
Un court passage purement rythmique s’intercale, donnant lieu à des figures de danse pure :
Ta ri ki ta tom – ta ka ta dhin gi na tom – that jom – ta kun ta ri ku kun ta ri – tha tha jom – ta kun ta ri ku kun ta ri – ta jom – that ta jom – ki ta ta ka ta ri ki ta tom (répété 3 fois, c’est le theermanam).
Formation : La danseuse est accompagnée par une chanteuse et un orchestre traditionnel indien (mridangam, flûtes, violon, sarangi, harmonium). Il y a des répétitions de phrases avec addition de syllabes à chaque reprise.

Jatiswaram - Apoorva Jayaraman

Je me souviens d'avoir appris une chorégraphie sur cette danse à Marseille il y a longtemps, là aussi, que de beaux souvenirs :)

Les documents :
Fiche_prof_II_comparaisons ; Fiche_eleve_II_comparaisons ; 
Fiche_prof_III_comparaison ; Fiche_eleve_III_comparaisons ; 

Enfin nous comparerons l'oeuvre de Ravel avec un extrait de l'opéra Einstein on the Beach (1979) de Phil Glass (compositeur américain né en 1937) intitulé Knee 4. Les Knees dans cet opéra représentent des entractes. Nous y retrouverons un texte original, cette fois chanté avec des notes de musiques à la manière d'un jatiswaram. Un soliste, suivi d'un choeur de voix graves d'hommes, puis des voix égales masculines est soutenu par une phrase répétitive d'un violon seul. Le tempo est fluctuant, les nuances également, comme si l'on passait un rouage dans une machine.
Cette dernière écoute donnera lieu à des jeux musicaux mélangeant la voix parlée et la voix chantée.

La fiche de synthèse de la séquence : synth_se_s_quence_IV ;
La prévision de déroulement de la séquence : d_roulement_s_quence_IV

Comments

[Madame Musique]

Bonjour Céline,

j'ai vérifié et rectifié les fiches ce soir.

Bien cordialement, madame musique

[celine14]

Bonsoir madame musique,

Merci pour toutes vos mises en lignes éclairantes avec question transversale etc.

C'est vraiment exceptionnel de prêter ses cours, les recherches et modes d'emplois qui vont avec ! Merci beaucoup.

Dans ce cours il y a un document manquant et un document répété

6e : Musique et arts du spectacle vivant (L'enfant et les sortilèges, l'arithmétique, Ravel) à : Fiche_prof_II_comparaisons ; Fiche_eleve_III_comparaisons;

vous avez certainement voulu mettre la fiche élève II comparaisons et non la III

Accepteriez-vous de faire la modification ou de m'envoyer la fiche eleves II comparaisons ?

Très cordialement,

Céline

[madame musique]

Salut Lo,

merci pour ta gentillesse, cette année j'ai préparé de nouveaux cours, mais j'ai surtout envie d'exploiter ceux qui sont sur le net aussi, on fait de belles trouvailles. A moi d'aller pêcher un peu chez autrui :) Shakti, j'ai le DVD, il faut que je le revisionne en effet, j'avais trouvé çà génial.

Je suis curieuse de voir les chansons en langage elfique dans le seigneur des anneaux en tant que comédie musicale, j'aimerais bien entendre çà.

Bonne fin de vacances!

[lo]

salut madame musique.

Toujours du bonheur à visiter ton site....tu es une richesse pédagogique pour bcp d'entre nous....



et en regardant ton cours de 6è ça m'a rappelé le mien de 5è jeux de mots jeux de sons avec une brève incursion vers la musique indienne...et les onomatopées.



je n'ai pas de danseuse en complément mais écoute si tu ne connais déjà la danse du bonheur par shakti et john macLaughlin...un extrait qui fonctionne bien, avec le dialogue rythmique en intro..



merci pour la mise à disposition de ton travail, de quoi faire évoluer nos séquences et éviter l'ennui.



laurence ac-toulouse.