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MADAME MUSIQUE
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24 mai 2007

un instrument insolite: le Glassharmonica

glassharmonica(se traduit par Harmonica de verre ou harmonium de verre) C'est un instrument de musique inventé en 1761 par Benjamin Franklin.

Dès le IXe siècle, on frappait des verres avec des baguettes pour en tirer des sons. En 1743, l'Irlandais Richard Puckeridge a l'idée de frotter le rebord des verres à pied posés sur une table, plus ou moins remplis d'eau afin de les accorder et appelle cet instrument Seraphim (ou verres musicaux-musical glasses).En 1761, Franklin améliore le principe et met au point le Glassharmonica. Il se compose de bols en cristal en verre ou en quartz (entre 36 et 54 pièces) qui sont emboîtés sans se toucher, les uns dans les autres, chromatiquement, sur un axe rotatif entraîné par une pédale (aujourd'hui, on l'a doté d'un moteur électrique). Soufflé, le diamètre du bol détermine la hauteur de la note, la fréquence. Mis en rotation sur l'axe, l'interprète en frotte les rebords avec ses doigts mouillés pour le faire "chanter". En sort un son pur et limpide, enchanteur.

Cependant, en 1835, l'instrument (surnommé "orgue angélique" par Niccolo Paganini) sera interdit par un décret de police dans certaines villes d'Allemagne et disparaîtra peu après. Parmi les raisons invoquées: ses sons font hurler les animaux, provoquent des accouchements prématurés, abattent l'homme le plus robuste en moins d'une heure (selon un dico médical de 1804) et suscitent la folie chez les interprètes (peut-être à cause du Saturnisme, le cristal étant composé à 40% de plomb). Et pourtant, Marie-Antoinette en jouait, le docteur Mesmer s'en servait pour relaxer ses patients avant de les soigner, Mozart a composé pour lui et les auteurs Goethe et Chateaubriand le louent.

En 1844, le compositeur Belge Joseph Mattau perfectionne le Glassharmonica et lui donne le nom de Mattauphone.

Enfin, en 1982, le maître verrier Gerhard Finkenbeiner relance la fabrication de l'instrument à Waltham (Massachussets, USA). A l'heure actuelle, il n'existe que cinq joueurs d'harmonica de verre dans le monde. Cependant cet instrument est de plus en plus demandé par des compositeurs indépendants pour ajouter à leurs morceaux des sons "nouveaux" (alors qu'ils sont en fait aussi vieux que le Clavecin).

Ecoutez comme c'est joli! William Zeitler interprète "la fée dragée" (extrait du Ballet "Casse-Noisettes") de Tchaïkovski (1892) le compositeur l'échangea juste avant la première contre le Célesta.

Le son cristallin, un rien strident et passablement faux du Glassharmonica plonge l'auditeur dans un climat féerique. La Bohême, Prague, Vienne ne seraient pas ce qu'elles sont sans cet instrument pour lequel des célébrités comme Mozart, Haydn et Beethoven ont montré de l'intérêt. Il se fond dans l'orchestre en lui donnant une couleur très particulière, un chatoiement, on l'associe à la voix comme dans la "scène de la folie" (Opéra Lucia di Lamermoor) de Donizetti. L'adagio de Mozart fait montrer de très beaux effets dramatiques tandis que le "Sancta Maria" de Thomas Bloch fait appel aux ressources modernes avec sa bande préenregistrée.

Outre 400 oeuvres classiques composées entre 1761 et 1835, puis en 1919, son répertoire s'est élargi grâce à des oeuvres contemporaines commandées par les quelques interprètes professionnels en activité (Thomas Bloch en Europe, Dennis James aux USA), à des musiques de film, des chansons, la danse, le théâtre et divers spectacles.

Quelques oeuvres pour le Glassharmonica: glassharmonica_2

Beethoven ("Melodram" (Leonore Prohaska) pour glassh., solo et voix parlée. Donizetti: "Lucia di Lamermoor: Scena della pazzia" pour soprano, choeur, orchestre et glassh. Mehul: "Konzertstück" pour glassh. et harpe. Mozart: "Adagio und Rondo" K617 pour glassh., flûte, hautbois, alto et violoncelle. "Adagio" K617a (K356) pour glassh. solo. Reicha: "Grand solo" pour glassh. et orchestre. "Johanna d'Arc" pour glassh., voix parlée et orchestre. Strauss: "Die Frau ohne schatten" (la femme sans ombre) pour voix soliste, choeur, orchestre et glassh.

la merveilleuse Nathalie Dessay dans "La scena della Pazzia" (Scène de la folie) extrait de l'opéra de Donizetti: Lucia di Lamermoor.

Durant les festivités du mariage, Raimondo annonce aux invités que Lucia a tué Arturo dans un accès de folie. Cette dernière arrive, ses vêtements tachés de sang. Dans la célèbre "scène de folie" ("Il dolce suono") elle rêve son avenir, unie avec Edgardo. Le puits de la première partie devient l'autel de leur mariage. Enrico arrive. Lucia, qui a désormais perdu la raison, le prend pour Edgardo et implore son pardon. Elle sort, mourante.

sources: le site de Thomas Bloch

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Commentaires
M
Mise à jour effectuée, merci beaucoup Thomas.
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T
NOUVEAU SITE DE THOMAS BLOCH : http://www.thomasbloch.net<br /> <br /> Beaucoup de nouvelles vidéos sur les instruments rares dont joue Thomas Bloch : ondes Martenot, glassharmonica, cristal Baschet.<br /> <br /> Les adresses du site donnés sur cette page (avec le domaine chez.com) ne sont plus valables !
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T
Bien sûr, aucun problème pour diffuser ces informations. J'ai même retrouvé une erreur (non intentionelle de ma part) qui figure sur le texte de mon site et que l'on retrouve de-ci delà maintenant. Il n'y a pas 40% de plomb mais 24% dans un verre en cristal. Ce très court texte est tiré d'un mémoire d'une centaine de pages que j'avais rédigé pour le Conservatoire de Paris, lorsque j'y étais encore étudiant en ondes Martenot et aussi en classe d'acoustique, en 1988. J'ai acheté mon premier glassharmonica à ce moment là.<br /> <br /> Je connais bien le magnifique CD de Jean-Claude Veilhan et son trio, paru sur un label pour lequel j'avais enregistré en 1990. Jean-Claude m'avait demandé plusieurs partitions dédiées au glassharmonica et comme ces musiciens adorent la sonorité des verres, ils jouent à trois sur un seul Séraphim (verres à pied).<br /> <br /> L'Adagio K.356 (ou 617a) qu'ils interprètent est une courte pièce composée par Mozart pour être joué en "bis" de son Adagio et Rondo K.617 pour glassharmonica, flûte, hautbois, alto et violoncelle. Mozart lui même jouait la partie d'alto lors de la création.<br /> <br /> Ces deux oeuvres, ainsi que celles de Beethoven, Donizetti, Schultz (aussi un peu de musique contemporaine, sont sur le disque "glassharmonica" (Naxos - ref. 8.555295). On y entend aussi des choses assez rares comme un vrai soprano masculin (pas un haute contre). Quant au disque 'ondes Martenot" (Naxos - réf. 8.555779) il présente un large éventail historique et de possiblités, des origines de l'instrument à aujourd'hui, pour ondes seul, 9 ondes, ondes et orchestre, de la musique de chambre, de l'électronique, de la musique de film, etc. Qui plus est, ce CD sont abordables (8 euros), disponibles dasn 60 pays et j'en parle d'autant plus librement que je ne touche pas un sou sur ceux-ci.<br /> <br /> Bonne continuation.<br /> <br /> Thomas Bloch
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M
je ne crois pas avoir lu ceci sur votre site seulement, d'autres personnes font donc circuler ces précieuses informations. j'ai mis votre site en lien. pardonnez-moi, mais je fais de multiples recherches et quelquefois je ne sais plus très bien où j'ai vu telle ou telle chose, surtout quand je travaille sur les images. <br /> Pour Mozart, je pense qu'il est dit qu'il a composé pour cet instrument seulement. Il existe un enregistrement de son adagio sur un CD "Mozart et les Bohémiens" trouvé à la discothèque. j'aurais bien aimé savoir sur quel site vous avez trouvé l'article à mon nom :-( pour les prévenir.Bravo pour votre talent et pour faire survivre ces instruments magiques.
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T
Bonjour,<br /> <br /> bravo de contribuer à faire connaître les instruments dont je joue. Mais pourriez-vous citer les sources reproduites in extenso (photos et textes extraits de mon site - également reproduits sur des CD que j'ai publié chez Naxos - et de celui de C.S Lévine) ? D'autant que j'ai vu repris vos articles en ne vous citant que vous sur d'autres sites.<br /> <br /> Deux petites précisions quant aux commentaires des blogueurs. Mozart n'a jamais joué sur les verres à pied (l'ancêtre du glassharmonica appelé Séraphim ou Verres musicaux) ni publiquement sur le glassharmonica. Il a essayé ce dernier chez un ami de la famille, le célèbre Dr Messmer, dans la villa duquel son premier opéra, Bastien et Bastienne, a été créé. Il a composé deux oeuvres pour l'instrument en mai 1791, à l'intention de sa nièce, Marianne Kirchgessner, ainsi que l'ébauche d'une troisième.<br /> <br /> Deuxième précisions. Je devais jouer le glassharmonica à l'opéra de Paris dans Lucia di Lammermoor avec Natalie Dessay mais d'autres obligations m'en ont empêchées (par contre je serai de la production de la Femme sans ombre début 2008 - le glassharmonica est employé dans le 3ème acte). Ce ne fut donc pas un glassharmonica qui fut utilisé à Bastille pour l'occasion mais un Verrophone que vosu entendez sur l'enregsitrement, un instrument inventé il y a quelques années et qui n'a rien à voir avec le glassharmonica. Le timbre est assez différent et la technique très différente.<br /> <br /> Les ondes Martenot, le glassharmonica et le cristal Baschet sont très fréquemment employés.<br /> Parmi mon actualité récente (je ne connais pas celle de mes collègues), outre la sortie de deux albums dédiés entièrement à ces instruments chez Naxos (parmi d'autres CD sur ce label), j'ai tourné ces trois dernières années avec Tom Waits et Marianne Faithfull, enregistré plusieurs musiques de films (dont La Marche de l'empereur et Amadeus de M. Forman dans sa version longue en 2001), joué et enregistré avec Radiohead, sur le nouvel album de Vanessa Paradis (et quelque 80 autres : de Landowski à Zazie, de Messiaen à Lara Fabian, de Varèse à Arthur H, quelques grands écarts...), je suis actuellement sur scène (ou plutôt en fosse) pour le groupe Gorillaz sur le spectacle "Monkey: journey to the West" (Théâtre du Châtelet à Paris du 26.9 au 13.10.2007), en concerts et en enregistrements avec Jean-François Zygel (et dans son émission sur France Musique, dimanche 14.10.2007 à 18 h.), etc.<br /> <br /> Et si certains sont tentés, les ondes sont enseignées (je m'occupe de la classe du Conservatoire de Strasbourg et ma collègue, avec qui nous partageons les cours entre nos tournées respectives, joue avec Yann Tiersen et les Têtes Raides).<br /> <br /> Bon courage pour la suite.<br /> <br /> Thomas Bloch<br /> http://www.chez.com/thomasbloch
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MADAME MUSIQUE
  • "Madame musique" est l'un des noms par lequel mes 6èmes m'identifient chaque début d'année. J'enseigne au Collège-internat Thomas Mann à Paris 13. Vous trouverez ici de nombreuses séquences et outils à utiliser en classe inversée...ou pas.
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