cl__de_sol_gif Cette séquence porte sur les arts du spectacle vivant, dans le domaine de la danse du XXème siècle, et nous nous focaliserons sur les échanges entre les arts de la scène et les arts de la rue.
En effet, au XXe siècle, de nombreux échanges entre les scènes se sont réalisés, que les arts de la scène investissent la rue ou que les arts de la rue investissent la scène, et ce par le biais de rencontres, de festivals, de coopérations dans des spectacles novateurs ou de concours internationaux. Les multiples influences et passerelles n’ont plus de limites et chacun mène ses propres expériences en les partageant avec des artistes d’horizons parfois fort éloignés du sien propre.
Nous abordons la question sous cet angle : Les interactions entre arts de rue et arts de scène ont-ils une incidence sur la musique qui les accompagne ?
L’objectif de la séquence est de mobiliser l’attention, la concentration et la mémoire de l’élève sur des objets de plus en plus longs et complexes, d’organiser des impressions subjectives en catégories objectives dans le but d’analyser et de comparer des extraits de différentes formes de danse. Fort de cette observation, l’élève peut s’emparer ou s’inspirer de certains aspects de ses observations, les partager solidairement avec un groupe et trouver en lui-même l’inventivité nécessaire pour produire une chorégraphie sans répéter comme un perroquet ce qu'il a vu.
D’autre part il s’agit d’observer des styles qui, s’ils sont différents et ont une identité affirmée, ont pu s’inspirer les uns les autres pour partie.
Nous aborderons les domaines du timbre et de l’espace (bruits, sons, musiques, modes de jeu, répartition dans l’espace et dans le temps) et du successif et du simultané (différentes dispositions des danseurs dans un groupe, interactivité entre eux, avec le public, déroulement temporel et usage de formes définies ou d’improvisations).
Du point de vue de l’Histoire des arts, nous sommes dans le domaine de l’art urbain, dans son contexte socio-économique, voire politique, de la question des subventions ou de leur absence, du mécénat, ou de la possibilité de « s’en sortir » en montrant son art dans la rue, avec les moyens du bord mais des codes solides.

Voici les ballets ou formes de danse abordés en classe. Une fois visionnés, les extraits sont commentés et les élèves doivent prendre des notes en autonomie avec des consignes de travail précises pour éviter toute perte de temps. Ensuite, la mise en application se fait par groupes, toujours selon des consignes précises mais avec une totale liberté.

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Premier extrait : "Brooms" du groupe britannique Stomp.
Dans la continuité du travail sur le timbre élaboré en 4ème, nous voyons ici un groupe de danseurs et de percussionnistes qui utilise dans ses prestations toutes sortes d'objets issus du quotidien, auxquels ils redonnent une identité à laquelle nous ne prêtions plus attention. Ici, en l'occurence, des danseurs habillés en balayeurs de rue animent leurs balais et produisent une chorégraphie assortie des différents timbres que l'on peut extraire de l'ustensile, en lui associant des rythmiques parfois très compliquées (de type musique africaine, battucada, claquettes) en empruntant à divers styles de musique. Le corps lui-même est utilisé comme source sonore (exclamations, claquettes, pas combinés aux sons de l'accessoire).
Les dispositions sur la scène changent sans cesse (tutti, solo, battle, en deux lignes distinctes avec polyrythmie, accumulation de sons, cascade sonore et canons stricts). De grands accents délimitent les parties du tableau, qui soulagent les danseurs et le spectateur avant de reprendre la danse. La lumière et le décor ont ici une importance cruciale : en effet, un décor de rue est reproduit, et la lumière vient se poser sur le soliste à la fin, illustré par un decrescendo qui fait retomber cette scène quotidienne dans l'anonymat et le silence. 

Petite comparaison rapide avec une autre danse, celle des gauchos de l'Amérique du Sud (Argentine) qui utilisent les bolas (qui sont leur outil de travail, à savoir un lasso muni de boules en cuir pour attraper le bétail). Comme vous pouvez le voir, ces bolas donnent lieu à des mouvements acrobatiques et rythmiques producteurs de sons, souvent accompagnés par un petit ensemble de tambours disposés autour du danseur soliste. Les pas du danseur s'apparentent à ceux du Flamenco (zapateado). La danse se nomme Malambo

Malambo boleadoras par Martin Peralta

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Deuxième extrait : 2e mouvement du Ballet pour 4 danseuses ROSA DANST ROSAS (1983) d’Anna Teresa de Keersmaeker, chorégraphe belge née en 1960 sur une musique de Thierry de Mey, dans un style appelé minimaliste. Vous pouvez lire une analyse de cet extrait ici.

Ce ballet est en 4 mouvements (nous visionnerons le 2ème). Le lieu de la captation video ressemble à une salle d'attente d'hôpital dans lequel la chorégraphe dispose des chaises (trois rangées de 3 chaises et une de 2) en quinconce.
Les danseuses dansent donc assises, parfois s'allongent ou se lèvent et tournent autour de la chaise. Les mouvements répétitifs, enchaînés dans différentes dispositions (par 2, par 3, en cascade, en imitation, en opposition parfois ou en accumulation) génèrent des sons corporels (claquement des mains sur les bras, mains, poitrines, cuisses) auxquels s'ajoutent des sons vocaux (respiration, soupirs) et des bruits de chaises sur lesquelles le corps se dresse, s'agite, s'affaisse...
Une musique lancinante, qui s'apparente à un battement de coeur ou à une horloge avec des accents déplacés, en constant crescendo, accompagne les mouvements répétitifs et saccadés des danseuses et crée une sensation anxiogène.
Par le biais de mouvements minimalistes et quotidiens, mécaniques et froids, la chorégraphe nous fait tout de même partager une émotion qui nous étonne, de l'ennui à l'exaspération que semblent nous révéler les danseuses uniquement avec l'attitude corporelle. Elle semble conduire une réflexion occulte sur la condition féminine, les gestes attendus ou originaux, la passivité et la révolte. Les formes et mouvements de nature géométrique contribuent à l'impression d'étrangeté et à la fois de familiarité. 

Pina-Bausch

Petite comparaison rapide avec un autre extrait de ballet "Cafe Muller" de Pina Bausch, chorégraphe allemande (1940-2009) dans lequel l'on voit des danseurs déambuler dans une pièce emplie de chaises et de tables de bistrot dans un désordre indescriptible, les danseurs semblent aveugles les uns aux autres, et un danseur-accessoiriste déplace les chaises pour éviter aux danseurs de se blesser en les heurtant. Le passage qui nous intéresse est celui où un de ces accessoiristes tente de réunifier un couple en mettant la femme dans les bras de son amant, mais celui-ci laisse à chaque fois ses bras se relâcher et la femme glisse avant que l'accessoiriste, obstiné, répète de façon obsessionnelle les mêmes mouvements, sans aucun succès. La musique qui accompagne le ballet est de Matthew Scott. ici encore, des bruits s'invitent dans la musique, essentiellement issus du déplacement corporel et de la respiration.

Comparaisons : Nous visionnerons deux styles de danse nés de la rue, de racine africaine. 
La danse des Gumboots (gumboot signifie botte de caoutchouc). Cette danse née dans les mines de Johannesburg, en Afrique du Sud, à la fin du XIXe siècle, constitue une fusion de danses tribales africaines combinée à certains aspects de la danse européenne comme les claquettes.
Les mineurs portaient des bottes parce que c’était moins cher pour protéger leurs pieds lorsqu’ils pompaient les eaux fétides de la mine. N’ayant pas le droit de parler entre eux, enfermés dans l’obscurité, ils développèrent une forme de communication en tapant sur leurs bottes et en agitant leurs chaînes (Beaucoup d’entre eux étaient enchaînés à leur poste de travail pour éviter les vols). Les chaînes que portent les danseurs sont aussi la mémoire de l’esclavage qu’ont subi leurs ancêtres.
Bien que cette danse soit issue de la rue, à la fin de l’apartheid, les danseurs furent invités au théâtre où ils formèrent des communautés de danseurs. Aujourd’hui, partout dans le monde, des écoles de « Gumboots » voient le jour.  

Black Umfolosi - Live at Oxford Folk festival (2006)

La Capoeira, Art martial afro-brésilien issu de la danse des esclaves africains du Brésil qui consiste en en mélange de combat et de danse.
Pendant l'esclavage au Brésil dès le xvie siècle, les portugais ont séparé et mélangé différentes tribus africaines pour diminuer les risques de révoltes, plusieurs populations se seraient retrouvées en contact et de ce regroupement hétéroclite serait née la première forme de capoeira, association de luttes et traditions africaines dans un contexte de société coloniale portugaise au Brésil.
La Capoeira se pratique à deux au milieu d’un cercle (Roda) formé par les autres joueurs. Les danseurs doivent démontrer qu’ils peuvent se battre sans se toucher, et faire preuve de ruse. Elle a la particularité de comporter des acrobaties. Différentes parties du corps peuvent être utilisées pendant le combat, les pieds étant en première place.
La danse est le plus souvent accompagnée de 8 musiciens (La Bateria) qui chantent, frappent dans leurs mains et jouent des instruments à percussion (Pandeiros-tambour, agogo-cloche, reco-reco-racleur et atabaque-tambour à sonnailles) ainsi que du berimbau (arc musical).
On pratique le chant antiphonique (le plus ancien capoeiriste lance un chant et les joueurs lui répondent). Tout le monde connaît le répertoire. Généralement le tempo de la musique accélère au fur et à mesure du combat.

Capoiera Topazio

Pour chacune de ces danses, la virtuosité est impressionnante, les cadres de composition très stricts à l'intérieur desquels l'improvisation est totalement libre, et ils sont accompagnés d'instruments et de chants, ainsi que des cris des danseurs.
Egalement, nous examinerons en quoi ces mouvements génèrent des sons particuliers, l'accompagnement et la façon dont les danseurs s'organisent dans l'espace et dans le temps.

Les documents : Fiche_prof_1_2_3 ; fiche_eleves_1 ; fiche_eleves_2 

Dans la dernière partie de la séquence nous visionnerons de courts extraits des différentes techniques (locking, popping, breakdance, clowning, krumping, Flexing, etc) et des différents styles de danses associées au mouvement Hip-Hop et nous efforcerons d'y déceler les influences qu'elles contiennent. Nous y aborderons également divers styles de musique utilisées par les danseurs de façon récurrente (Funk, Rap, Hip-Hop, House).
Nous replacerons ce mouvement profondément urbain dans son contexte et son évolution à travers un dossier que j'ai trouvé sur le web et qui est extrêmement complet. Les élèves rempliront alors un questionnaire en s'appuyant sur ce dossier.
Le dossier et le questionnaire sont fournis aux élèves dans l'ENT et des exemplaires ont été remis à la documentaliste et la CPE en charge des internes de l'établissement pour ceux qui n'ont pas accès à l'internet.

Voici les documents : Fiche_prof_4 ; Fiche_eleve_3 ; 
Les références des videos et morceaux qui les accompagnent : Hip_Hop_r_f_rences__coutes
Voici le dossier et le questionnaire : DPhiphop (dossier pédagogique théâtre en Dracénie - Draguignan) ; Questionnaire_Hip_Hop_sur_document ; 

Voici quelques exemples des différentes techniques de danse: 

 

Exemple de Krumping

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La fiche de synthèse de la séquence: synthese_3s2; et la fiche d'auto-évaluation : fiche_auto__val__3s2

En prime, une petite animation pour produire des sons corporels :