Back from Berlin
Je suis rentrée Dimanche, reposée et ravie de mon séjour. 6 jours c'est bien trop court pour visiter une telle capitale. La ville est très étendue, et bien que les transports (S-Bahn, genre de RER, et U-Bahn, métro) soient très pratiques d'utilisation, je n'aime pas à marcher au pas de charge de monument en monument, avec un appareil photo. Bien sûr j'ai mitraillé le Memorial, la porte de Brandebourg, le Reichstag, de nuit, et puis les gratte-ciel de la Postdamer Platz, les Musées, les Théâtres, l'Ile aux musées.
Mais j'ai aussi aimé traîner mes chaussures dans les boutiques gothiques, les petits bars cosy, les restaus pas chers où les Berlinois s'assoient, et flâner dans des rues qui sentent le quotidien de la ville, goûter les petites spécialités (bien que je ne soie pas vraiment adepte de la saucisse et de la bière).
J'ai particulièrement aimé le Centre culturel Tacheles, lieu alternatif aux accents punk poussé au milieu des ruines d'un immense magasin, détruit pendant la guerre et dynamité dans les années 60, et dont pas un mur n'est vierge, tant les graffs et dessins abondent. Au début j'ai cru que c'était un squatt, et quand je suis entrée, j'ai découvert une ruche.
Il y a beaucoup d'artistes qui exposent et travaillent en même temps dans des ateliers, c'est un sacré bric à brac, et aussi des touristes égarés qui promènent à pas de loups, beaucoup de lycéens et étudiants, un bar très sympa où j'ai entendu du français (la communauté française est surtout logée à Schönhauser Allee, Nord-Est de la ville non loin du centre). Il y avait aussi un petit ciné art et essai avec 2 salles. On y jouait un docu sur Marc Bolan (T. Rex). J'ai adoré les collages exposés, avec des bouts de journaux, des images et des inscriptions insolites. Mais l'art est partout dans cet endroit.
Les sculptures de Botero (artiste colombien) sont exposées en plein air. Vous en voyez sur la Parizer Platz, devant la porte de Brandebourg, mais il y en a 15 devant le Berliner Dom. Elles sont énormes, et tout le monde se presse pour les escalader et se faire prendre en photo. Je les trouve superbes.
Et je suis donc allée voir le concert-performance au Telda, KolsterStrasse. Dans le Hall il y avait une expo sonore qui montrait les techniques de sonorisation de films (Laurel et Hardy), on pouvait mettre un casque et écouter des musiques à base de bruitages.
Il y avait 3 pianistes, pour la première pièce on avait préparé un piano à queue avec un matelas, une pile incroyable de coussins et divers objets sur les cordes. Le premier pianiste a joué un morceau avec ce piano presque totalement bridé, dont on entendait un son dans le medium et une vague basse à la Chopin. J'avais mal pour lui tant le son était étouffé.
Pour la 2ème pièce, la deuxième pianiste avait accroché un fil de fer avec un objet qui venait griffer les cordes de façon assez aléatoire en tournant une petite manivelle sur le côté droit de la table. Le son résonnait faiblement, faisant penser à un tympanon. On aurait dit ces objets que l'on essaie d'attraper dans les foires, derrière une vitre.
La 3ème pièce a été interprétée par la 3ème pianiste, elle a commencé à jouer "la marche funèbre" de Chopin, et puis elle a répété deux accords de façon lancinante en ajoutant un son incongru de temps en temps, de plus en plus fort, ce qui a eu pour effet de créer une résonance extrêmement impressionnante, des sons qui roulent comme une mer déchaînée, avec une tension dramatique, puis imperceptiblement elle est revenue vers le début de la pièce à l'envers. Par instants le piano prenait quasiment un son d'orgue, c'était peut-être la pièce la plus intéressante au niveau émotionnel.
Pour la 4ème pièce, elles sont sorties de la salle et sont allées s'installer au piano, mais invisibles. Le son sortait par des haut-parleurs situés de chaque côté du piano de la scène. Elles ont encore joué des fragments d'oeuvres de Chopin, mais pas ensemble! c'était étrange et dérangeant.
Enfin la dernière pièce était la plus insolite, car derrière le clavier, il y avait deux portiques en métal, plus un posé sur les deux autres, auxquels étaient accrochés des menottes en caoutchouc, et au bout de l'élastique il y avait des rondelles de terre cuite. Elles ont enfilé les menottes et ont entamé un 4 mains éprouvant, l'élastique les empêchant de poser les poignets dans la bonne position. De temps en temps, si elles relâchaient les objets s'entrechoquaient, c'était terrible, apparemment, de jouer comme çà, au vu des grimaces de souffrance sur leurs visages. A la fin, elles ont tout lâché et se sont quasiment couchées, les bras en l'air, dans un effroyable bruit de vaisselle. Tout le monde a éclaté de rire.
C'était plus proche du music-hall et de l'auto-dérision que de la musique vraiment expérimentale. Mais bon, c'était marrant à voir en tout cas. Mais en matière de piano préparé, qu'inventer de plus? tout a été fait. Autant s'amuser.
Ensuite, nous sommes allés dans un pub Irlandais "The Cliffs of Duneen", où il y avait une session, et nous avons siroté une bonne bière au son des Tin whistles, guitares, bodhran et chants de marin. Très sympa.
J'ai quand même visité le Staatsoper, où Barenboïm est à l'affiche. Il est très beau. Le prix des places est très élevé. Il est situé vers l'Ile aux Musées, à Unter den Linden. Et aussi l'église Sainte-Marie, qui possède un orgue magnifique et dont j'ai adoré la chaire, avec des chérubins jouant de la trompette. On y jouait Arvo Pärt, entre autres.
J'ai aimé la Neue Synagogue aussi, un magnifique bâtiment. Il est surveillé en permanence, ayant subi un attentat il n'y a pas si longtemps. La nuit la lumière est saisissante. Et je n'ai pas pu résister à acheter ce petit patch que l'on trouve dans beaucoup de boutiques.
Les programmations de concerts sont très variées, beaucoup de Métal, de Dark wave et de Rock, de soirées Electro, et des cours de Salsa, de danses de salon partout. Mais aussi beaucoup de classique et de Jazz. Les jeunes Allemands écoutent de la bonne musique, je trouve. Peu de rappeurs, plutôt des gothiques (cheveux platines avec une mèche de couleur vive, bleue, violette, rouge ou vert). Et beaucoup d'Electro.
Lacrimosa est un groupe de métal symphonique, classé dans les musiques gothiques.
J'ai vraiment envie d' y retourner, et apprendre quelques mots d'Allemand. Je parle couramment l'Anglais, mais dans certains quartiers comme celui où vit ma soeur (WaldStrasse, dans le Moabit), personne ne le parle. Et mon Russe est trop rudimentaire. Je suis donc devenue experte en baragouinement et langue des signes, cela dit.
La prochaine fois, je me suis jurée de faire un parcours musical pur. Il y a de quoi faire. J'adore cette ville et curieusement, je m'y suis sentie chez moi et avais envie de rester. Jusqu'à présent cela m'a fait cet effet dans deux villes seulement, Palerme et Londres (je veux dire, je pourrais m'y expatrier un temps). C'est bon signe. Peut-être en Juillet prochain?
ma visite by night du memorial aux victimes de l'Holocauste.