Cette mélodie, intitulée à l’origine Dana, Dana fut écrite par Sholem Secunda (1894-1974) pour Eterke, pièce du Biélorusse Aron Tseitlin. Tiraillée entre la célébration de l’histoire millénaire du peuple juif et la tentation du néant, l’œuvre de ce poète semble hésiter entre mythe et réalité, dépouillement absolu et faste liturgique. Usant d’une métaphore assez transparente, Dona, Dona compare la tradition d’un petit veau ligoté que l’on mène à l’abattoir et la disparition des juifs durant la seconde guerre mondiale. Le choix de la figure du veau, victime sacrificielle des rites païens, n’est pas anodin, mais la Shoah n’avait aucun but expiatoire. C’est sans doute la force de cette image et la qualité musicale de cette chanson qui firent son succès. Interprétée en yiddish et en anglais par Theodore Bikel, John Baez et bien d’autres, elle fut traduite dans le monde entier.

dona

1) Oyfn furl ligt a kelbl - Ligt gebundn mit a shtrik - Hoykh in himl flit a foygl - Flit un dreyt zikh hin un tsrik - refrain: Lakht der vint in korn - Lakht un lakht un lakht - Lakht er op a tog a gantsn - Un a halbe nacht - Dona, dona, dona, dona...2) Schrayt dos kelbl, zogt der poyer - Ver zhe heyst dikh zayn a kalb? - Volst gekert tsu zayn a foygl - Volst gekert tsu zayn a schvalb - 3) Bidne kelblekh tut men nindn - Un men shlept zey un men schlekht - Ver s'hot fligl flit aroyf tsu - Iz bay keynem nisht keyn knecht

1) L'est un petit veau sur une carriole - Avec une corde ligoté - Là-haut, dans le ciel, un petit oiseau vole - S'amuse et virevolte de tous côtés - refrain: Le vent rit dans les blés - II rit et rit et rit - Il rit toute la journée - Et la moitié de la nuit - Dona, dona, dona, dona...2) Le petit veau crie, le paysan lui dit: -Qui donc t'oblige à être un veau? - Tu n'avais qu'à être un petit oiseau - Tu n'avais qu'à être une hirondelle - 3) Les pauvres petits veaux, on les entrave - A l'abattoir on peut les tuer - Mais qui a des ailes au loin peut s'envoler - Et n'est l'esclave de personne

bild76 (photo empruntée sur ce superbe site)

Photographie de Stephen Bleyer prise lors d’un examen médical après la libération du camp alors qu’il avait 14 ans. M. Bleyer, ancien président du centre commémoratif de l’Holocauste à Montréal, ne s’est reconnu sur cette photographie que grâce à son numéro d’identification.(Panstwowe Muzeum w Oswiecim-Brzesinka / USHMM Photo Archives).

le lien vers la chanson (en anglais)  et les paroles en anglais puis un extrait de cette chanson par Joan Baez